Imbrications dans un paysage
Recueil de poèmes
Qu’il s’agisse de la Catalogne, de la Normandie, des Alpes, ou d’ailleurs, l’intérêt est toujours de partir, le carnet à la main, pour épingler comme des papillons les impressions.
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Extraits
(Vierville)
le jardin de Normandie l’enfant joue dans les cailloux blancs
aux voitures aux bombardiers aux dragons on ne
sera jamais les mêmes d’un été à l’autre même
si le mur hisse toujours son gris et la forêt son vert derrière on ne
sera jamais les mêmes leur constance me dispense d’en faire
autant je suis le courant
du temps
*
poème
de chair
et de pierre
c’est l’oiseau
qui se pose
sur le mur
*
longtemps
ce matin dans le jardin
sans écrire
c’est que
je rêve de mots
simples comme la pierre
pour dire
les mouvements intérieurs
strates de silences et de peurs
d’audaces de bonheurs
tout cela parfois
en même temps
je les comprends
les nomme
et les reprends
encore
***
(Venosc)
haut
là où les cloches
ne sont que rumeur
le soleil pinceau de craie
sur la voile noire des sommets
*
Insectes
au creux des herbes
trissements crissements
pulsations palpitations
tout un sérail
au travail
***
(Tarragone)
le vert de l’Espagne
peigné de lumière
crêtes en cils
des sapins
tissages serrés
des palmiers
au loin les pins
alignés
sur la mer
*
que toute vie
perçue sur la terre
m’est partie
du monde entier
*
qu’il n’est que de m’asseoir
au bord d’un balcon
et de le chanter
*
où sont les gens ?
pas un bruit hormis
les cigales dans le bois derrière
stores baissés fenêtres muettes
et le vent dans le fuseau
des pins très hauts
de temps à autre un oiseau
minuscule se laisse tomber
de leur cime bat une fois
ses ailes dans un vol ourlé
de liberté