Venosc, août 2017
— Extraits —
haut
là où les cloches
ne sont que rumeur
le soleil pinceau de craie
sur la voile noire des sommets
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là où
tout ce qui n’est pas
touché par le sceau du soleil
est plongé en plein mitan
dans un sombre inquiétant
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là où le vent
malmène sans cesser
des mottes d’herbe amarrées
où le crissement léger
des criquets ose rivaliser
avec le souffle du fleuve dans la vallée
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dans la rigueur
de ces hauteurs
le tendre palpité
d’un bouleau
réconforte
également
le vol dansant
d’un papillon
blanc
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au creux des herbes
trissements crissements
pulsations palpitations
tout un sérail
au travail
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après bien
des hésitations
un papillon
se pose au bout
de mon genou
nous écoutons
nos vibrations
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toute une famille
d’humains défile soudain
dans mon dos
j’entends Oh
une dame
on fait chht
on passe en baissant le ton voyant
que j’incline à nouveau le menton
pour écrire, plus émue
par cette attention
que ne saurais le dire
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montagne
toute cette vie sur ton
dos – moi aussi suis
ton frisson
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ici là
les ombelles agitées
des fleurs de carotte
l’or fatigué
d’épis secs
le clou balancé
de pissenlits étêtés
la violine effacée
de fleurs clairsemées
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fouillis vertical
de verts et de lumières
j’y mêle mon bien-être
comme un éclat de plus
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et par-dessus toute cette brillance
les vapeurs bleues
de la vallée
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ce n’est pas seulement
que je trouve ça beau
les imbrications de ces versants
dans des dégradés de bleus
de plus en plus vaporeux
mais cela vient révéler
mon ancrage en ce monde et en l’autre
tel un pinceau de lumière qui éclaire
le très profond de ma vallée
venant juste de noter ces mots
je relève la tête et c’est
toute la vallée qui, sublime,
s’illumine
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que cet infini petit
et cet infini grandiose
d’un seul regard se marient
rassasie
ma faim
de tout
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