NERVURES NERFS et CHAMPS ÉGARÉS
Pendant dix ans, lors des portes ouvertes des ateliers de la ville de Paris, je n’ai pas manqué une seule des visites de l’atelier de Pascale PIRON, rue Sainte-Marthe (Paris 10), me contentant de laisser fidèlement mon nom pour me tenir informée de son actualité.
Puis les mots sont venus sous la forme d’un premier recueil, Nervures Nerfs. Bientôt suivi d’un second, Champs égarés.
— Extraits —
Nervures Nerfs
© Pascale Piron, Huile sur toile 170 x 140, 2009
nervure
rune bleue
laine végétale
organe doux
douceur déchiquetée
frimas de couleurs sanguines
avant l’été
sur un ciel tendu derrière
de bleu et de
mélancolie
sœurs de sang
où êtes-vous ?
ж
foule de fantômes
égarés
de dos toujours de sorte
qu’on ne voit pas
vos visages
fantômes en fils tendus
détendus faisant nous défaisant
de vous
particules imparticulières
vous éloignant
de nous
ж
présences déchirant
nos attentes
de vous plus que des ombres
et un peu plus
un peu d’ombres du soir
de vent et de pans
de tissus
ж
couleurs écarquillées
dans le soir au rose
florissant devant
vous, sonore
tandis que vous
marchant, derrière
à la traîne
de vous-même
ж
fils tendus
non tendus
les rangs
enserrant
vos pas sans
les retenir
à venir
le sang rose
d’autres
horizons
ж
la foi indubitable
des noirs dessus dessous
taches s’écoulant bas
partout pourtant
assauts plus affirmés
des tons moins assénés
partout pourtant
le doute l’emportant
l’emportant toujours
plus loin
…/…
∗ ∗ ∗
Champs égarés
© Pascale Piron, aquarelle,35 x 25, 2004
— Extraits —
du fond de tes eaux surgit
l’innommable enfin
nommé
ж
cordes vocales
du silence
ж
lances élancées à l’assaut
de la surface
nous regardons
— et cela survient
ж
peu importe l’eau lente
la descente au fond
de ce qui compte
a lieu
ж
champs égarés de l’incertain
mais s’ancre soudain
ta foi en l’humain
comme une main
qui rattrape
le noyé
ж
vague océan
des temps utérins
où m’as-tu fait
revenir ?
ж
pourtant
comme le son – maintenu
du présent
ж
cathédrales de nerfs vus
descend de là-haut la lumière
pur cantique
émané de ce que l’on ignore
savoir
ж
ne me laisse pas là
l’air y est si dur
— comme sanglot retenu
…/…
∴